Abus sexuels : le témoignage poignant d'Evra

Abus sexuels : le témoignage poignant d'Evra

Patrice Evra était sur le plateau de BFMTV à l'occasion de la sortie de son autobiographie et a longuement évoqué les agressions sexuelles dont il a été victime lorsqu'il était lycéen.

En tournée médiatique à l'occasion de la sortie de son autobiographie I Love this game, Patrice Evra se livre sans fard. Qu'il regrette que Kylian Mbappé soit trop lisse, qu'il révèle que sa vidéo polémique après l'élimination du PSG contre Manchester United était une réponse à un ministre qui se tenait derrière lui au Parc des Princes, ou qu'il tacle Lilian Thuram. Mais l'ancien international joue aussi cartes sur table lorsqu'il évoque les abus sexuels dont il a été victime dans sa jeunesse.

Invité par BFMTV, Thuram, né à Dakar, a livré un témoignage bouleversant sur le calvaire que lui faisait vivre son directeur d'école, chez qui il dormait trois nuits par semaine pour éviter les trajets qui l'obligeaient à se lever "à 5 heures du matin". "Tous les soirs, c'était un cauchemar, une bagarre", a-t-il raconté, évoquant l'impact de ce traumatisme sur sa vie d'homme : "Margaux (sa femme) a été très importante parce qu'elle a réussi à balayer cette masculinité toxique. Mon père m'a élevé de cette manière : 'Si tu pleures, c'est un signe de faiblesse'. J'ai effacé toutes mes émotions. Même quelques fois, quand je gagnais des trophées, je faisais semblant d'être heureux parce que j'avais bloqué toutes mes émotions et que je ne pouvais communiquer avec personne".

On a honte de soi et on ne veut pas en parler.

Le traumatisme était tel que des années plus tard, devant la police, il a préféré dissimuler les agissements de ce principal. Il a expliqué : "On a honte de soi-même et on ne veut pas en parler. A partir du moment où j'ai raccroché le téléphone, j'ai grandi toute ma vie avec ce poids. Quand les gens me disaient : "Pat, tu es un bon gars", je me sentais comme un lâche parce que j'avais abandonné plusieurs enfants, plusieurs personnes qui avaient été dans la même situation. Une fois, alors que je parlais devant 800 personnes en Angleterre, une femme a éclaté en sanglots et a dit : "Quand j'avais neuf ans, j'ai été violée par mon frère et je n'en ai jamais parlé à mon père ou à ma mère". Je donne de l'espoir à beaucoup de gens".

De l'espoir plus que du courage, estime-t-il. "C'est facile de dire : 'Il faut qu'on parle'. Il faut être prêt. Si on me dit 'Bravo pour ton courage', non, ce n'est pas une question de courage", a-t-il encore assuré. Ce n'est pas parce que ces personnes ne parlent pas qu'elles ne sont pas courageuses. C'est tellement difficile qu'on a tellement honte et qu'on veut l'enterrer".