Pouvez-vous me parler de la genèse du projet FanLivecards, qui fait désormais son entrée dans l'environnement du rugby ?
Ce projet est une histoire de rencontres et de passion, comme souvent dans ma vie. À l'origine, ce sont Alain Roche et Edgard Palle qui nous ont demandé de l'aide, à moi et à mon frère Thomas. Au départ, il n'était pas question de NFT, mais d'un jeu de fantasy. Jusqu'à ce que nous rencontrions les gens de Tezos et de Nomadic Labs, dont Hadrien Zerah. L'idée était de créer la première place de marché dédiée au rugby. C'est désormais chose faite. Elle est belle, simple et très accessible. La volonté était de se démarquer des NFT, avec une approche éco-responsable, puisque la blockchain est économe en énergie.
La grande différence avec vos concurrents est le fait qu'une partie des gains est reversée aux joueurs. Est-ce que c'était important pour vous ?
C'était tout simplement fondamental. Sans cela, rien n'aurait été possible. Nous nous démarquons sur ce point, cela peut déranger. Nous voulions un modèle adapté au rugby, que nous qualifions de vertueux et qui valorise tous les acteurs. Je n'ai pas les contrats de nos concurrents sous les yeux, mais nous avons un modèle économique beaucoup plus intéressant pour les joueurs, qui touchent 10 % de commission sur les transactions, là où ils ne touchent rien ailleurs. Et les clubs sont à 30 %.
"Cette génération est vraiment irrésistible".
Quel est l'avenir de la plate-forme dans les prochains mois ?
Déjà, nous serons le premier jeu de fantasy à inclure des cartes NFT. Pour l'instant, les cartes sont vendues, et dans un peu plus d'un mois, nous permettrons la revente pour nous ouvrir aux collectionneurs, aux adeptes de cryptomonnaies, aux investisseurs... Nous avons également l'intention de contacter d'anciens joueurs via les clubs pour créer des cartes "vintage" afin d'impliquer et de valoriser la grande famille du rugby.
Vous avez été le dernier entraîneur à réaliser le Grand Chelem avec l'équipe de France (2010). Qu'avez-vous ressenti samedi soir ?
C'était une journée très particulière, car elle a commencé par une sorte de cauchemar lorsque j'ai appris le décès de Federico Martin Aramburu. C'était une journée pleine d'émotions, qui a bien sûr été en grande partie gâchée par cela. Difficile, en ce jour de fête pour le rugby français, de se réjouir de la magnifique performance des Bleus. J'étais au Stade de France, il y avait de l'émotion, une immense tristesse et une forme de colère face à ce décès. Il y a l'émotion par rapport à ce que j'ai pu vivre sous le maillot de cette équipe de France, en remportant le Grand Chelem avec des acteurs du samedi soir comme Raphaël Ibanez et Fabien Galthié ou encore William Servat. Il y a cette génération Dupont qui est vraiment irrésistible et qui a fait un grand match. On a tellement besoin de se réjouir, de s'enthousiasmer et de se rassembler en ce moment, après tout ce qu'on a vécu ces derniers temps. Alors nous sommes heureux pour eux, parce que ça fait du bien.
"Ils réagissent à tous les scénarios".
On a l'impression que ce XV de France peut tout faire, que ce soit sur le plan offensif ou défensif. Cette capacité d'adaptation est-elle leur plus grande force ?
Cette équipe de France est très jeune. Elle a encore une grande marge de progression et il y a un rendez-vous après lequel on court depuis très, très longtemps. L'équipe de France s'est fixée l'échéance de 2023 et on espère que d'ici là elle aura progressé et sera irrésistible, mais cette fois en finale de la Coupe du monde. On a le sentiment qu'ils sont en train d'affirmer une identité de jeu qui se rapproche du rugby à la française. Ils ont une densité, une agressivité, un paquet d'avant qui sont durs à la tâche et imprévisibles, et aussi cette qualité de contre-attaque, cette incertitude qu'ils savent créer. Ils réagissent à tous les scénarios. Une équipe qui est un peu comme un caméléon. Je pense que c'est ce que voulait Galthié, avec une équipe extrêmement compétente. Leur principale caractéristique dans ce tournoi était leur défense, mais ils peuvent jouer du très, très bon rugby tout en étant économes.
Quels joueurs, à part peut-être Dupont, vous ont impressionné ?
Ce qui est bien avec cette équipe, c'est qu'elle rassemble autant de personnes. Elle est à la fois très homogène, a une bonne attitude et est talentueuse. Elle est un bon mélange de force, de volonté et de vitesse. Et en même temps, elle est composée de profils très différents. Il y a des garçons qui sont des évidences, comme Romain Ntamack, qui a été biberonné aux mamelles du XV de France. Mais il y a aussi des joueurs comme Gabin Villière, qui nous rappelle le regretté Christophe Dominici, ou Melvyn Jaminet, qui ont fait leurs preuves au plus haut niveau en deuxième division. Et il y en a tant d'autres ! Un qui a été formidable aussi, c'est Grégory Alldritt, mais ils ont tous été très bons. Les couples Woki - Willemse, Fickou - Danty, Penaud - Villière aussi... Et le public ne s'y est pas trompé.
"L'équipe semble hermétique à la pression".
Lors du tournoi, Galthié a fait la tournée d'un groupe assez restreint, dans lequel Jalibert semble être le grand perdant. Cela peut-il être un souci ?
Non, ce n'est pas un souci, car les éléments, notamment la crise sanitaire, ont obligé Galthié à le laisser élargir ce groupe. Et à chaque fois que cela s'est produit, comme en novembre 2020, nous avons pu constater qu'il y avait une très grande profondeur de l'effectif. Les jeunes joueurs qui ont été utilisés ont pu répondre aux attentes. C'était également le cas l'été dernier (en Australie). Il (Galthié) a donc une base très solide avec beaucoup d'expérience, qui a toujours gagné. Et s'il y a des blessures à certains postes de Vakatawa ou d'Arthur Vincent, nous avons Danty et éventuellement Barassi qui sont là... C'est une des richesses de l'effectif. Jalibert a manqué ce tournoi, mais Ntamack avait manqué le tournoi de l'année dernière et il était très bon. Nous avons un certain nombre de pépites.
Alors, avons-nous toutes les raisons du monde d'être optimistes en vue de la Coupe du monde 2023 ?
Bien sûr que oui ! Il peut encore se passer beaucoup de choses d'ici là. Cette équipe a battu les Blacks, elle est sur le toit de l'Europe, nous sommes deuxièmes au classement mondial... Nous allons recevoir l'Afrique du Sud en novembre, ce sera un grand test. Si la France les bat, elle aura gagné toutes les équipes de haut niveau. Potentiellement, elle est donc en mesure de réitérer l'exploit. Et les jeunes joueurs vont encore s'améliorer en 18 mois. Après une compétition, on sait à quel point c'est compliqué. Les attentes envers l'équipe sont énormes. Nous allons jouer en France, cela peut être un avantage ou un inconvénient. Après, elle semble hermétiquement protégée de la pression. Elle a géré toutes les attentes avant l'Angleterre et a réussi à relever ce défi. Cela montre à quel point elle a des ressources mentales en plus de son talent.
"Dupont est le facteur X".
Quels sont les risques à éviter pour ce groupe maintenant, environ un an et demi avant le début du tournoi ?
Honnêtement, depuis deux ans, la progression est constante. Ils ont franchi toutes les étapes et coché toutes les cases. Un joueur comme Antoine Dupont est le facteur X. Même s'il est encore très jeune et qu'il peut encore s'améliorer, il domine tellement de la tête et des épaules. C'est rare dans le rugby d'avoir des joueurs aussi marquants et décisifs. Il joue à un poste clé et en plus il est capitaine, c'est une charge énorme. Il est impressionnant, donc on a besoin de lui, même s'il y a d'autres joueurs comme Maxime Lucu et Baptiste Serin. Le risque, c'est toujours d'avoir quelques blessés importants. Même s'il y a une profusion de talents, il y a toujours des garçons autour desquels on ne peut pas faire l'impasse. Après, objectivement, il n'y a pas trop de risque, voire pas du tout. Il y a un bon mélange d'ambition saine, d'humilité et de volonté de travailler et de persévérer. Cette équipe est formatée par sa jeunesse pour jouer deux Coupes du monde, avec 2027, il y a ce sentiment de voir évoluer une équipe qui n'a jamais été aussi talentueuse. Il faut maintenant confirmer, mais ça a bien commencé samedi soir.
Il y a eu une histoire sur la possible perte du trophée après la fête de samedi soir. Votre 2010 s'est-elle mieux déroulée ?
Vous savez, la troisième mi-temps est un peu paradoxale. Je l'ai aussi vécu avec le bouclier de Brennus. On rêve de ramener le trophée à la maison et puis on le maltraite un peu pendant la courte nuit. Il y a souvent des histoires qui ressemblent à ça. A première vue, le trophée est en bon état, je l'ai vu sur une photo à Marcoussis en bon état. Mais en fait, les coupes de rugby ne devraient pas être équipées de caméras, car il y a des choses qui doivent rester dans la troisième mi-temps...
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