Milan AC : Ibrahimovic : un pari osé mais réussi

Milan AC : Ibrahimovic : un pari osé mais réussi

Pour le Milan AC comme pour Zlatan Ibrahimovic, le pari était osé lorsqu'en janvier 2020, les retrouvailles entre un club à l'image ternie et une star vieillissante ont été scellées. En remportant le titre de champion dimanche, le pari est gagné.

"Je ne suis pas là pour jouer les mascottes", a prévenu "Ibra" lorsqu'il est revenu en Lombardie, sur les conseils de son ami et agent Mino Raiola, pour se remettre en selle après deux ans d'exil doré dans la ligue nord-américaine. Les tifosi des Rossoneri ont vite compris que son ego et sa confiance en lui n'avaient pas changé depuis sa première apparition entre 2010 et 2012, lorsqu'il avait remporté le dernier titre de champion du club en 2011. Mais qu'en est-il de son physique ? On a beaucoup douté de l'état de son genou, qu'il s'était gravement blessé en 2017 à Manchester United, et plus généralement de la forme du Suédois, à la retraite internationale depuis la fin de l'Euro 2016. Mais il faut reconnaître que "Ibra" a tout changé.


Sur le terrain, le sens du but et l'impact physique du géant de 1,95 m ont donné un point de repère offensif à une équipe à la dérive, tout juste reprise en main par Stefano Pioli, mis sur la touche en octobre. Mais surtout, "Ibra" a réussi à secouer dans les vestiaires une équipe démoralisée, alors 11e du championnat et laminée 5-0 par l'Atalanta à Bergame pour son dernier match de l'année 2019. "Levez la main à ceux qui ont déjà joué la Ligue des champions", a un jour demandé le Suédois, selon une anecdote rapportée par le journaliste de la Gazzetta dello Sport Luigi Garlando, coauteur de la récente autobiographie du Suédois, "Adrénaline".

"Être un leader"

Dans le vestiaire, où il a côtoyé dix ans plus tôt Andrea Pirlo, Gennaro Gattuso, Clarence Seedorf, Filippo Inzaghi ou Ronaldinho, seuls Hakan Calhanoglu et le gardien remplaçant Ciprian Tatarusanu auraient alors levé la main... Ce nouveau Milan, malgré sa jeunesse, est devenu irrésistible depuis la reprise de la compétition après la suspension de Covid-19 au printemps 2020. Il est devenu vice-champion l'an dernier derrière l'Inter et a retrouvé la fameuse Ligue des champions qui lui faisait défaut depuis 2013. Avec à sa tête un nouvel "Ibra", plus calme, plus consensuel et déterminé à jouer le rôle de tuteur pour les jeunes, à l'image de Rafael Leao, qui a beaucoup grandi dans l'ombre du Suédois. "Je vois quand ils me regardent qu'ils attendent quelque chose de moi. Je veux tellement donner, être un guide", a raconté le Suédois, ajoutant avec un sourire : "Ils sont comme mes enfants...". Zlatan Ibrahimovic a prolongé d'un an l'été dernier pour pouvoir être encore sur le terrain à plus de 40 ans - il a fêté son anniversaire en grande pompe en octobre.

L'avenir en question

Celui qui aurait pu devenir le plus vieux buteur de la C1 n'a pas vraiment brillé sur la scène européenne cet automne. Des blessures lui ont fait perdre une grande partie de sa saison, après avoir déjà manqué l'Euro en juin avec la Suède, une équipe nationale qu'il retrouvera en mars 2021. Bien qu'il joue moins et qu'il ait été supplanté par Olivier Giroud ces derniers mois, l'ancien buteur du Paris-SG reste indispensable à l'équipe : "Zlatan est le phare de cette équipe, sa volonté est indomptable", disait encore Stefano Pioli en avril. Avec le titre de champion en poche, son cinquième en Italie (3 avec l'Inter, 2 avec le Milan) et son douzième au total, Zlatan Ibrahimovic doit maintenant décider s'il veut dire adieu au sommet en tant que champion ou prolonger son aventure, même sans Coupe du monde, la Suède ayant été éliminée au Qatar.

En mars, il a déclaré qu'il était "paniqué" à l'idée d'arrêter le football : "Je sais que j'aurais d'autres possibilités, mais l'adrénaline que je ressens sur la pelouse, je ne la trouverai nulle part ailleurs". Milan ne lui imposera rien : "Zlatan a l'intelligence et le caractère pour faire le meilleur choix, et nous sommes derrière lui, quelle que soit sa décision", a déclaré Pioli. Une décision qu'il devra prendre seul cette fois, sans Mino Raiola, décédé fin avril et auquel il a probablement beaucoup pensé dimanche soir.