CAN 2021 : le protocole Covid remis en question

CAN 2021 : le protocole Covid remis en question

Le protocole Covid, qui sera utilisé lors de la CAN 2021 au Cameroun, est au cœur de nombreux débats. Pour démêler le vrai du faux, Football3365 Afrique en décrypte les principaux aspects.

Que prévoit le protocole médical pour les tests et les positifs au Covid ?


Le "parcours" Covid des participants à la CAN est bien balisé par le protocole médical de la CAF. Les personnes concernées doivent effectuer un premier test PCR 72 heures ou 48 heures avant de se rendre dans le pays d'accueil, en l'occurrence le Cameroun. Un deuxième test doit être effectué 48 heures avant le premier match. Au cas où ce test se révélerait positif, le ou les joueurs concernés devront être isolés pendant cinq jours. Passé ce délai, ils continueront à être testés pour savoir s'ils sont aptes à jouer avant le match qui, chronologiquement, pourrait les faire rejouer sur le terrain.


Le protocole a-t-il changé ?


Dimanche en fin d'après-midi, alors que les huitièmes de finale de la CAN 2021 débutaient, les équipes encore en lice ont reçu un protocole médical actualisé. Ce document pouvait prêter à confusion et donner l'impression que la Confédération africaine de football allait bouleverser les règles du jeu au cours de la rencontre. Or, ce n'était pas le cas. Le document en question contient en réalité les dispositions qui figuraient dans le protocole du 15 octobre 2021 déjà envoyé aux équipes. Seule une modification favorable aux joueurs y a été ajoutée. Elle prévoit qu'un joueur contrôlé positif et redevenu négatif n'est plus soumis au délai de 48 heures pour son test d'aptitude avant de revenir sur le terrain, mais à un délai réduit de 24 heures, à condition qu'il ait passé la série d'examens requis (cœur, poumons, etc.). En raison de cette règle assouplie, la Tunisie a pu faire jouer Wahbi Khazri, qui est redevenu négatif après avoir respecté le délai d'isolement de cinq jours, contre le Nigeria dimanche en huitièmes de finale.


Pourquoi Patrice Neveu a-t-il pu s'asseoir sur son banc 24 heures seulement après son contrôle positif ?


Patrice Neveu a été contrôlé positif la veille du match entre le Gabon et le Ghana et s'est assis sur le banc des Panthères le lendemain. Comme il a été à nouveau testé négatif le jour X, l'entraîneur français n'a pas été soumis au même délai que les joueurs dans un tel cas. Pourquoi cette différence de traitement ? Les entraîneurs ne se trouvent pas sur le terrain et sont en contact avec les autres participants au match. Le fait de rester sur le banc de touche ou dans les limites de la zone technique qui leur est réservée n'est pas incompatible avec le port strict d'un protège-dents. C'est pourquoi le délai de retour sur le terrain est réduit pour les entraîneurs et les membres du staff technique.


Pourquoi la CAF n'a-t-elle pas prévu le cas particulier des gardiens de but ?


A notre connaissance, cette situation est inédite dans une grande compétition internationale : contre le Cameroun lundi dernier en huitièmes de finale de la CAN, l'équipe nationale des Comores a été contrainte d'aligner un joueur de champ dans les buts, faute de disposer d'un seul gardien de but éligible. Les demandes de dérogation des insulaires ont été rejetées par la CAF, qui a invoqué ses règles. Ali Ahamada, qui a de nouveau été testé négatif le matin du match, n'a pas respecté les cinq jours d'isolement. "Le premier test PCR positif du joueur comorien datait de deux jours. Il aurait pu être éligible si ce premier test PCR datait de cinq jours ou plus et s'il était asymptomatique", a écrit Sidiki Aboubakary, le directeur médical de la CAF, dans une lettre adressée à la Fédération comorienne, dont Football365 Afrique a obtenu une copie.


Il est surprenant que la CAF n'ait pas prévu le cas particulier où même un seul gardien de but serait complètement absent. Aussi improbable que soit ce cas, d'autres organisateurs de compétitions l'ont intégré dans leurs règles. C'est le cas de l'UEFA pour sa Ligue des champions. "Si un club n'est pas en mesure d'aligner au moins treize joueurs de la liste A ou ne dispose d'aucun des gardiens de but inscrits, l'UEFA peut autoriser la reprogrammation du match, à condition que les autorités nationales/locales procèdent à de nouveaux tests pour s'assurer qu'un nombre suffisant de joueurs (au moins treize, dont au moins un gardien de but) est en mesure de participer au match", peut-on lire dans le règlement de cette compétition. L'absence d'un gardien de but est donc un cas qui empêche le déroulement d'un match.


La CAF n'a pas jugé nécessaire de prévoir un cas similaire. Une dérogation aurait permis d'éviter l'image peu valorisante pour la CAN d'un joueur de champ obligé de jouer dans les buts de son équipe. Par crainte de créer un précédent, la CAF s'en est tenue à ses règles. Une décision défendable sur le plan juridique, mais d'autant plus discutable sur le plan politique. Car quelles étaient les chances qu'un tel cas se reproduise ? En attendant que le vide juridique de son règlement sur ce point soit peut-être comblé, la Confédération africaine de football se serait fait un grand nom en faisant preuve de magnanimité, comme elle l'a fait à l'égard de Jonathan Pitroipa en 2013.