Mohoric, le grand pas de côté de Madiot

Mohoric, le grand pas de côté de Madiot

L'inventivité de Matej Mohoric, qui a remporté Milan-San Remo grâce à sa selle télescopique, n'est pas du goût de Marc Madiot. "C'est trop dangereux", dit-il.

La victoire de Matej Mohoric à Milan-San Remo fait encore parler d'elle. Comme il le dit lui-même, son succès est dû en grande partie à la selle télescopique dont son vélo était équipé. Cette selle a fait la différence dans la descente du Pioggio, sur laquelle il a construit sa victoire sur la Via Roma à San Remo. Aucun coureur n'a été en mesure de le suivre.

"J'ai détruit le cyclisme une fois avec le Super-Tuck (ndlr : sa position aérodynamique dans les descentes, interdite par l'UCI au printemps dernier). Aujourd'hui, j'ai à nouveau détruit le cyclisme. Maintenant, je pense que tout le monde va commencer à utiliser des tiges de selle télescopiques. Ce sera une autre chose à laquelle il faudra penser sur le vélo", s'est-il vanté après son succès. Une perspective qui ne plaît pas à tout le monde. En témoignent les propos tenus par Marc Madiot dans le journal Ouest-France.

Je n'aime pas aller à l'hôpital

"Je ne veux pas jouer les moralisateurs, mais Mohoric est passé plusieurs fois à deux doigts de la catastrophe ! Qu'aurions-nous dit s'il s'était retrouvé dans un fauteuil roulant après sa descente du Poggio ! Si on incite les autres à faire la même chose, on ira de plus en plus vite dans des endroits qui devraient être dangereux, on augmentera donc les risques, et pour quelle sécurité tout cela ?", a-t-il lancé. Il faut quand même penser à la sécurité de tous, non ? Malheureusement, j'ai l'impression qu'on oublie un peu trop souvent la sécurité...".

"Je suis peut-être vieux, je suis peut-être devenu stupide, mais je n'aime pas aller à l'hôpital. Je pense toujours que je peux trouver mes garçons à l'hôpital quand ils vont mal", a-t-il poursuivi. Il ne faut pas oublier une chose : Si le gars est à l'hôpital, il n'y a plus grand monde qui appelle pour prendre de ses nouvelles. Si ce n'est pas un champion, si c'est un amateur ou un coureur inconnu, cela n'intéresse malheureusement personne...".

Et le manager de l'équipe Groupama-FDJ de se montrer philosophe. "L'essence du cyclisme, pour moi, ce n'est pas ça. L'ADN du cyclisme, ou peut-être que je me suis trompé de siècle, c'est d'aller le plus vite possible avec ses jambes et son corps, sur un vélo qui doit être à peu près le même que celui de l'adversaire. C'est un élément qu'il ne faut pas oublier. C'est un problème d'équité et d'égalité", a-t-il déclaré, ajoutant : "Honnêtement, je vous le répète, mais je ne suis pas particulièrement pressé que mon fils fasse des courses de vélo. Et je ne veux pas qu'il fasse carrière aujourd'hui parce que c'est trop dangereux. Si moi, qui fais ce métier, j'en arrive à de telles pensées, ce n'est pas bon pour notre sport...".