J.Vendroux : "Sur Europe 1, je m'amuse".

J.Vendroux : "Sur Europe 1, je m'amuse".

Après plus d'un demi-siècle passé à Radio France, Jacques Vendroux (73 ans) a revêtu le maillot d'Europe 1 depuis le début de l'année. Le manager du Variétés Club de France et la voix la plus célèbre de l'histoire de la radio française aurait préféré un départ plus digne. Cela ne le dérange pas

Jacques Vendroux, vous avez récemment fait l'actualité du Mercato lorsque vous avez rejoint Europe 1 après 55 ans passés à Radio France. Comment s'est fait ce changement et pourquoi ?
J'ai reçu un jour un appel téléphonique de Donat Vidal Revel, le directeur de l'information d'Europe 1, et de Jean-François Pérès, le directeur des sports. Ils m'ont fait une proposition. Et comme Vincent Giret, le soi-disant directeur général de Radio France, m'avait fait comprendre, après 55 ans de bons et loyaux services, que je devais prendre un peu de recul après avoir quand même donné une grande partie de ma vie à Radio France, et que Nathalie Ianetta, que j'avais proposée pour succéder à Vincent Rodriguez, m'avait dit que mon contrat ne serait pas renouvelé mais qu'on ferait appel à moi si on avait besoin de moi, j'ai pensé que c'était une formidable opportunité de partir. Je suis donc parti.

Quelle était la raison de ce départ ?
Ils n'avaient plus envie de travailler avec moi, et je n'avais plus du tout envie de travailler avec eux.

Ce départ vous laisse-t-il un goût amer ?
Pas du tout. Même si j'ai été très vexé, cela ne me laisse vraiment pas d'amertume. J'ai été si bien accueilli par Europe 1 que je ne regrette rien. J'aurais juste dû prendre cette décision beaucoup plus tôt.

J.Vendroux : "Deux personnes ne se sont pas bien comportées avec moi"


Que voulez-vous dire par là ?
J'aurais dû les prévoir. Je ne les ai pas anticipées parce que j'étais très attaché à Radio France, où il y avait des gens que j'aimais vraiment beaucoup, comme Fabrice Abrall ou Mathieu Mondoloni. Mais surtout, j'avais travaillé pendant 55 ans avec des gens formidables. Que ce soit Sibyle Veil, la présidente actuelle, Jean-Luc Hees, Mathieu Gallet, Michel Boyon ou Jean-Marie Cavada, qui m'avait nommé directeur des sports en 2002. J'ai passé de merveilleux moments avec ces personnes, il ne faut pas l'oublier. Maintenant, il y en a deux qui ne se sont pas bien comportés avec moi, c'est leur problème, ce n'est plus le mien. Mais ils pourront dire dans une autre vie ou dans leur mémoire qu'ils ont mis fin à la carrière de Jacques Vendroux à Radio France après 55 ans de bons et loyaux services.

Plus d'un demi-siècle, cela paraît presque incroyable...
J'ai laissé ma santé. J'étais motivé et je n'ai jamais calculé mon temps. J'ai donné une priorité incroyable à Radio France et je suis sûr que ma vie privée en a pâti, comme pour beaucoup de journalistes. A part ça, 99% des gens sont des hyper bons, qui aiment cette maison. Mais très honnêtement, Vincent Giret et Nathalie Ianetta ne méritent pas d'être à Radio France.

Vous ne cachez pas que vous avez été blessé par ce départ. Qu'est-ce qui vous a le plus blessé ?
Je trouve que ce n'est pas très glorieux de leur part, ça s'arrête là. Qu'est-ce que Vincent Giret a prouvé à la radio dans sa vie ? Rien du tout ! Quand il me demande de prendre du recul, oui. Il a viré mon successeur Vincent Rodriguez de manière pathétique. Là aussi, c'était un manque total d'élégance. Il y avait sans aucun doute des raisons, mais je pense qu'il n'a pas pris les bonnes. Quant à Nathalie Ianetta, je l'avais proposée à Jean-Philippe Baille, le patron de France Info. L'histoire est simple.

J.Vendroux : "Des gens qui ne connaissent pas la radio font des choix, c'est regrettable..."

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Parlons d'Europe 1... C'est un peu comme la Ligue des Champions, où vous atterrissez...
Je suis à Europe et je m'amuse. Je peux toujours m'occuper du Variétés Club de France et je peux m'occuper de mes petits-enfants. J'ai deux petits-enfants qui sont arrivés ces deux dernières années : une petite-fille Lili et un petit-fils Harel. Je les vois plus souvent et cela ne m'empêche pas de m'occuper du Variétés Club de France et d'avoir beaucoup d'ambitions, comme jouer un jour sur Charles-de-Gaulles, inaugurer le stade Jacques-Chirac en Corrèze ou faire un match pour la mixité à Troyes. Le lundi de Pâques, nous ferons un match à Aubenas pour les pilotes de Canadair qui se sont suicidés. J'ai la même motivation et surtout une sur-motivation pour l'Europe, parce que ce sont vraiment des mecs bien. J'ai rencontré de très belles personnes depuis que j'ai signé mon contrat le 20 décembre et honnêtement, je ne regrette rien.

Vous ne regrettez vraiment rien ?
Ce que je regrette, c'est que des gens qui ne connaissent pas la chaîne prennent des décisions qui ne sont pas les leurs. (Il insiste) Ils ne connaissent pas la chaîne, et c'est ça qui est grave. Vincent Giret, il est très gentil, il a de bonnes manières, c'est un bon catholique, mais il ne connaît pas la radio.

Comment avez-vous décidé de rejoindre Europe 1 ?
Donat Vidal Revel m'avait dit : "Oui, mais les sondages ne sont pas terribles, etc. Je lui ai dit que c'était une raison supplémentaire de venir. Je travaille avec Lionel Rosso, avec Cyril de La Morinerie, des gens sains et simples. Je suis très heureux d'être à l'Europe et j'apprécie beaucoup la confiance qu'on me témoigne. Je participe à des émissions et ce qui m'a fait le plus plaisir, c'est que le jour où cela a été annoncé, je n'ai reçu que des messages d'encouragement. Même les anciens présidents de Radio France m'ont tous appelé. Moi-même, par correction, j'ai prévenu la présidente de Radio France, Sibyle Veil, qui est une belle personne et qui fait de son mieux. Mais elle n'est pas forcément bien entourée à mes yeux. Radio France est une maison qui est fantastique, exceptionnelle, mais bon, les numéros 2 s'attaquent aux numéros 1. Et ils font les mauvais choix.