Les ultras de Nice se sont moqués de Sala.

Les ultras de Nice se sont moqués de Sala.

Indignation générale, commission de discipline saisie... Les chants des supporters niçois se moquant mercredi de l'ex-attaquant Emiliano Sala, décédé dans un accident d'avion, ont provoqué un tollé dans le football français, lassé des débordements. Les ultras de Nice ont été amenés à plaider le "second degré".

Quatre jours après avoir perdu la finale de la Coupe de France contre Nantes, l'OGC Nice s'est repris sportivement en renversant Saint-Etienne (4-2) mercredi soir en Ligue 1. Mais cette performance a été en grande partie éclipsée par le comportement de la Brigade Sud Nice (BSN), déjà pointée du doigt en août après l'interruption du match contre Marseille. Une partie du public de l'Allianz Riviera a entonné vers la 9e minute "C'est un Argentin, qui ne nage pas bien, Emiliano sous l'eau", parodiant ainsi le chant ("C'est un Argentin, il ne lâche rien, Emiliano Sala") que les supporters nantais entonnent en l'honneur de leur ancien N.9 à chaque match et à ce moment précis.

Valentin Rongier, de Marseille, s'est joint jeudi aux nombreuses critiques à l'encontre des ultras de Populaire Sud, les qualifiant de "dégueulasses" et de "dégoûtés". "Ils ont voulu jouer les intéressants, mais on ne peut pas toucher à la mémoire de quelqu'un qui est parti", a ajouté le milieu de terrain formé à Nantes, où il a côtoyé Sala pendant près de quatre ans.

"Bêtise et indécence"

L'Argentin de 28 ans a perdu la vie alors qu'il se trouvait à bord d'un avion privé en partance pour le Pays de Galles, où il venait d'être transféré au club de Cardiff. L'appareil s'était écrasé au-dessus de la Manche le 21 janvier 2019, dans des conditions météorologiques difficiles. "Nous atteignons un sommet de stupidité et d'indécence", a réagi Roxana Maracineanu, la vice-ministre des Sports, sur RTL. "Il y a des sanctions individuelles, des sanctions commerciales que le club peut prendre lui-même", a-t-elle ajouté. Le maire de Nice, Christian Estrosi, a également demandé "que les responsables soient identifiés et que cela fasse l'objet d'une enquête avec la plus grande fermeté. Ils se sont disqualifiés pour être dignes de soutenir notre club", a écrit l'homme politique (anciennement LR). Jeudi, la Ligue de football professionnel (LFP) a indiqué à l'AFP que la commission de discipline avait été saisie suite au rapport du délégué du match qui avait observé l'incident. La prochaine réunion est prévue pour le mercredi 18 mai.

Une "erreur", mais ...

Le comportement des ultras niçois a coûté cher aux Aiglons cette saison et symbolise la L1 2021-2022, assombrie par des affrontements à répétition dans les tribunes. Le club, propriété d'Ineos, quatrième du championnat à deux longueurs du podium, a notamment été sanctionné d'un retrait de deux points (dont un avec sursis) suite aux débordements du mois d'août contre l'OM. Un jet de bouteille sur le Marseillais Dimitri Payet avait dégénéré en bagarre générale impliquant supporters et joueurs sur la pelouse, avant que le match ne soit arrêté et finalement rejoué sur terrain neutre et sans spectateurs (1-1).

Mercredi, les insultes "venaient de quelques personnes, mais il n'y en avait pas que trois. Mais qu'ils restent chez eux avec leurs bouteilles et leurs insultes. Si c'est ça notre société, on est dans la merde", a réagi à chaud l'entraîneur de Nice, Christophe Galtier. Les Ultras de Nice se sont défendus jeudi en publiant un communiqué dans lequel ils déplorent que "suite à une erreur, qu'elle paraisse énorme ou non, selon ce que l'on pense, tout est remis en cause : la sortie médiatique de notre entraîneur et la communication précipitée du club avec des propos virulents pour jeter le discrédit sur tout un groupe". "Nous comprenons bien sûr l'émoi que peuvent susciter les paroles de cette chanson, mais le second degré fait partie intégrante de la culture ultra (...), symbole de notre autodérision et de l'esprit nonchalant (parfois trop sûr) qui est le nôtre", argumentent les ultras de Populaire Sud.