Interview : Kevin Rolland explique sa vision du sponsoring sportif et sa passion pour le brand content

Interview : Kevin Rolland explique sa vision du sponsoring sportif et sa passion pour le brand content

Dans quelques semaines, Kevin Rolland participera à ses troisièmes Jeux olympiques d'hiver à Pékin.

Gravement blessé en 2019 lors de sa tentative de record du monde du plus haut saut depuis un quarterpipe, le champion français de ski freestyle sortira prochainement le documentaire "Résilience" qui revient sur cet épisode.

Il y a quelques semaines, nous avons pu poser quelques questions à Kevin Rolland lors d'un événement organisé par son sponsor Izipizi. L'occasion d'en savoir plus sur sa vision du sponsoring sportif et sa passion pour le brand content !

"Le sponsor de mes rêves ? Lamborghini ! Faire la campagne de publicité pour le dernier 4×4 Urus (rires) !".

Sport Buzz Business : Comment est née ta relation avec la marque de lunettes et de masques Izipizi ?
Kevin Rolland : Izipizi est une marque française qui a été créée par trois jeunes. Je n'avais pas de relation particulière avec mon ancien partenaire Smith, une marque américaine qui m'a accompagné pendant des années, je portais leurs produits... Avec Izipizi, je vais être en contact direct avec les patrons, pouvoir discuter facilement, échanger, c'est super intéressant ! Les fondateurs de la marque connaissaient mon agent, donc ça a "collé". Au cours de ma carrière, j'ai toujours travaillé avec des marques haut de gamme. Ce qui m'a plu dans la marque Izipizi, c'est qu'elle est assez haut de gamme et en même temps super accessible. Travailler avec une marque française qui est accessible et qui propose des produits premium, c'est génial ! Aujourd'hui, c'est un vrai plaisir d'avoir des produits de montagne abordables.

SBB : Izipizi a notamment sorti un masque signé Kevin Rolland !
KR : Oui, c'est une première pour moi pour un masque, ça me fait très plaisir !

SBB : En dehors d'Izipizi, quels sont tes partenaires actuels ?
KR : Beats by Dre, La Plagne et Volkl Marker Dalbello. Au cours de ma carrière, j'ai eu la chance d'avoir une multitude de partenaires. J'ai travaillé avec une marque de champagne (Mumm), Monster Energy, Orange, la crème hydratante japonaise Shiseido... travaillé ensemble. J'adore créer du contenu pour les marques. Il y a quelques années, Shiseido voulait faire un spot publicitaire et ils m'ont demandé si j'avais des idées. Je leur ai dit que j'étais un passionné d'apnée et nous avons aussi fait un travail de réalité pour eux.

CFF : La création de contenus et les réseaux sociaux correspondent bien à ta discipline ?
KR : Depuis le début de ma carrière, avec mon pote Xavier Bertoni et "Follow Us TV", nous avons été les précurseurs des blogs vidéo, qui n'existaient pas encore. On se disait que c'était bien beau de faire des caprices, de montrer que tu étais un champion... mais on s'en foutait, les gens veulent voir ta vie quand tu ris, quand tu pleures, quand c'est dur.... Je pensais qu'il était plus facile de toucher les gens avec l'histoire qu'avec les résultats. Avec le documentaire "Résilience", on va dans le même sens que moi, on montre l'histoire de ce qui m'est arrivé. Après ce qui s'est passé, je me suis réveillé et on m'a dit que le projet était terminé, alors j'ai dit non, on va raconter tout ça.

"J'aime aider les marques à prendre la parole d'une autre manière à travers des projets qui me tiennent à cœur.

SBB : En ce qui concerne le sponsoring et la recherche de partenaires, comment travailles-tu ?
KR : Je travaille depuis dix ans avec l'agence Octagon et Antoine Maitre Devallon. Nous avons une très bonne relation, il sait exactement ce que je recherche. Mon objectif a toujours été de faire parler de mon sport et de le médiatiser. Pour faire parler de mon sport, il faut aussi aborder d'autres domaines en dehors du sport, sans faire n'importe quoi. Antoine et moi orientons les marques et leur expliquons ce que nous pouvons faire. J'aime que les marques me suivent dans mes idées, j'ai beaucoup de projets, des projets vidéo. Je ne cherche pas seulement un autocollant sur le casque. J'aime aider les marques à s'exprimer différemment à travers des projets qui me tiennent à cœur.

CFF : Aux Jeux Olympiques, les athlètes doivent respecter certaines règles, en l'occurrence la 40, en matière de sponsoring et de communication. As-tu été briefé par le CNOSF à ce sujet?KR : Je m'en remets à mon agent (rires)... Nous essayons de mettre de côté les aspects de sponsoring dans les réseaux.

CFF : Les sports de glisse comme le ski acrobatique devaient-ils aller aux Jeux olympiques organisés par le CIO ? Nous semblons assez éloignés de la philosophie des sports alternatifs qui cassent les codes.
SBB : Mon objectif est de toucher le plus de monde possible, allez au-delà des passionnés, et ce que proposent les Jeux olympiques est important ! J'ai rencontré des gens, j'aime les autres sports, la compétition. Le fait d'avoir participé aux Jeux olympiques, d'avoir gagné une médaille, m'a ouvert de nouvelles possibilités dans ma vie, je ne pourrais jamais me passer des Jeux olympiques. Avec Nike, j'ai par exemple tourné un documentaire dans lequel j'ai pu rencontrer Karl Lewis à Los Angeles !

Les Jeux Olympiques, c'est aussi l'aspect mental et la gestion des émotions. Il faut être bon 30 secondes tous les quatre ans, c'est terrible, ça peut être très, très ingrat, mais c'est super intéressant pour la concentration. Que ça se passe bien ou mal, tu peux résumer tout ça au quotidien et gérer d'autres moments. Les X-Games c'est tous les ans, parfois deux fois par an, si tu le rates, on se retrouve l'année prochaine, là avec les JO, si tu le rates, il faudra attendre encore quatre ans !

CFF : Est-ce que tu utilises les réseaux sociaux à titre privé en plus de tes obligations professionnelles ?
KR : Je le fais, mais je ne me sens pas à l'aise avec ça, parce que je remarque que ça change très vite, j'ai un peu de mal. Au travail, j'aime travailler sur un projet, créer des attentes et le publier ensuite. Dans la musique, c'est un peu pareil. Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'il faut balancer des informations, donner de la "nourriture", même si c'est mauvais, je n'aime pas ça. Il faut de la quantité, c'est dommage. Attention, je ne crache pas sur les réseaux sociaux, YouTube. je trouve ça top, j'aimerais juste qu'il y ait moins de conneries (rires) !

SBB : Dans les sports de glisse, vous êtes un peu les pionniers du brand content, du placement de produit habile, comment juges-tu la force des contenus de marque ?
KR : Il ne suffit pas de gagner des compétitions de ski half-pipe. Il faut créer du contenu pour exister. Si tu gagnes une compétition, tu dois montrer que tu gagnes une compétition, tu dois être partout, sur les podiums et sur les écrans. Beaucoup d'autres sports n'ont pas besoin de faire ça... Rien que le ski alpin, Alexis Pinturault, le champion du monde, est "tranquille", je parle dans l'industrie du ski. Chez nous, c'est difficile de gagner sa vie en ski acrobatique si tu n'es pas au top, champion du monde... Je vais bien, je ne me plains pas du tout, mais cela n'a rien à voir avec le ski alpin. Ils sont bien gérés par la fédération, tout est pris en charge, nous avons dû investir beaucoup d'argent pour mettre en place nos structures à l'époque (Freeski Project), car il n'y avait pas de fédération. Nous avons mis nos moyens en commun pour pouvoir voyager, avoir un entraîneur, ... C'est ce que nous avons fait pendant dix ans.

"Si demain je signe un partenariat avec une eau, on me refait !"

CFF : Ton documentaire "Resilience" est financé par Beats by Dre ?
KR : En grande partie par Beats oui. Ce devait être un documentaire sur le projet de record du monde. Je leur avais proposé le projet et ils étaient d'accord pour faire un documentaire sur la préparation. Il s'est passé ce qu'il s'est passé, et sur le lit d'hôpital, ils m'ont dit que c'était fini. Je leur ai dit : non, ce n'est pas fini, on continue à filmer, il y a encore des choses à raconter, mon enfant va naître en même temps... c'est assez intense avec beaucoup d'aventures ! Il y a une attente autour du documentaire (une chaîne devrait être annoncée prochainement), personne n'a vu d'images, les gens veulent le voir.

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SBB : Y a-t-il une marque, un sponsor qui te fait rêver ?
KR : Lamborghini ! Faire la campagne de publicité pour le dernier 4×4 Urus (rires) !!! Après les boissons énergisantes, dont je n'étais pas forcément fier car ce n'est pas un produit que je consomme, et après le champagne, j'aimerais faire des choses plus saines et représentatives du sport. Si demain je devais faire un partenariat avec une eau, je serais de retour !

CFF : Comment imagines-tu ta vie après ta carrière de sportif d'élite ? As-tu déjà des projets de reconversion ?
KR : Ce qui est sûr, c'est que je veux rester dans le milieu du ski, un milieu que je connais bien. Une fois la compétition terminée, j'aimerais développer encore plus l'aspect cinématographique, j'ai plein d'idées et de projets ! Tout au long de ma carrière, j'ai essayé d'investir dans l'immobilier pour mettre quelque chose de côté. Enfin, j'ai encore pas mal d'expérience à partager, que ce soit sur le plan technique ou sur ce qui m'est arrivé dans la vie. Il y aura certainement des possibilités, mais aujourd'hui, il n'y a encore rien de précis sur mon après-carrière.

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