Djokovic, le mal-aimé

Djokovic, le mal-aimé

Dans la course au titre de plus grand joueur de l'histoire, Novak Djokovic, Roger Federer et Rafael Nadal -dans l'ordre alphabétique- ont chacun leurs arguments, et ils ne sont pas à négliger. Mais en termes de popularité, il n'y a pas de match, du moins pas entre le Serbe et ses deux rivaux.

Djokovic l'a encore constaté mardi soir lorsqu'il a affronté Nadal en quart de finale de Roland-Garros. Le public parisien était clairement du côté du Majorquin, le maître des lieux. Et cela a fait une petite différence à la fin du match. "Je pense que le public l'a aidé à revenir dans le quatrième set. Ils étaient à 99,9% de son côté et l'ont aidé dans les moments décisifs. Ils l'ont aidé à retrouver son énergie", a déclaré le Serbe aux médias de son pays.

Djokovic exagère, car il avait lui aussi des fans dans le stade. Mais nettement moins que Nadal, c'est évident, et cela s'est effectivement ressenti dans les derniers points du quatrième set, lorsque les cris de "Rafa, Rafa" ont retenti plus fort que jamais. On comprend que le numéro un mondial soit sorti sans un regard pour le public du Philippe-Chatrier, qui l'a pourtant applaudi.

Le Serbe a probablement entendu les sifflets (pour quoi ? Sa position contre la vaccination ?) qui avaient accompagné plusieurs de ses apparitions lors des tours précédents et qui avaient notamment indigné Alex Corretja. "Je n'aime pas ça ! Non, mec ! C'est Novak Djokovic. Il nous a tellement donné. Alors soutenez les deux joueurs et profitez du match !" L'Espagnol avait crié au scandale avant le match Djokovic-Schwartzman en huitièmes de finale.

L'époque où Djokovic envoyait des cœurs dans le public après ses victoires semble bien révolue. Depuis quelques années, le Serbe semble avoir compris qu'il ne peut plus rattraper Federer et Nadal dans le cœur des fans de tennis. La meilleure chose qu'il puisse faire est de les battre et d'essayer de battre tous les records pour s'assurer la plus grande place possible dans l'histoire du tennis.

Après tout, il n'y a pas meilleur que lui pour être immense dans l'adversité. L'exemple le plus marquant est celui de la finale de Wimbledon 2019, qu'il a remportée face à Roger Federer et à tout le public présent sur le court central. Après la balle de match, le Serbe n'a pas sauté de joie. Il a laissé échapper un sourire malicieux, hoché la tête et s'est agenouillé pour grignoter quelques brins d'herbe sacrée. Une célébration iconique, une réponse parfaite, sans aucun doute.

Mardi soir, face à Nadal, il s'est efforcé de garder son calme. Il ne l'a perdu qu'à quelques reprises, notamment au début du quatrième set, lorsqu'il a brisé le filet avec sa raquette, ce qui lui a valu les hurlements habituels que le public de Roland-Garros réserve à tout joueur qui s'énerve. Après quelques échanges de rêve, on le vit plusieurs fois fixer les tribunes, retrouvant son meilleur rôle, celui du méchant, du vilain dans les films. Le scénario ne lui a cependant pas offert la fin qu'il espérait.