L'ASM Clermont Auvergne a été sélectionnée par World Rugby pour participer à une étude sur les effets des chocs sur les joueurs de rugby. L'intensité des chocs subis par les joueurs de la part des adversaires ou du sol est enregistrée à l'aide de protège-dents connectés.
Mesurer la fréquence et l'intensité des chocs au rugby. C'est l'objectif d'une étude menée par World Rugby. La fédération internationale a sélectionné trois clubs européens auxquels elle a fourni des protège-dents connectés : Leinster (Irlande), Treviso (Italie) et ASM Clermont Auvergne.
Ces technologies quantifient "la fréquence, la force et la répétition des chocs" subis par chaque joueur à l'entraînement tout au long de la semaine et lors des matchs officiels le week-end.
Prevent Biometrics en est à ses débuts.
Comment cela fonctionne-t-il concrètement ? Le club auvergnat dévoile quelques détails. "La société américaine Prevent Biometrics a mis à disposition du club une caméra optique permettant de scanner les mâchoires des joueurs auvergnats, avant de confectionner des protège-dents connectés sur mesure, intégrant une puce capable de transmettre les données collectées par l'accéléromètre également intégré au système", peut-on lire sur le site de l'ASM.
Le champion de France 2017 respecte scrupuleusement le protocole établi par World Rugby avec "une utilisation systématique des protège-dents", synchronisée avec un suivi vidéo des séquences d'entraînement. "Les protège-dents sont ensuite récupérés et remis dans une valise mise à disposition, où ils sont désinfectés un par un à l'aide d'une lampe UV", explique Rémi Gaulmin, médecin pour l'ASM. Les données sont ensuite transmises sans contact pendant le chargement des protège-dents".
C'est ensuite la cellule de World Rugby en charge de cette technologie qui traite les données. Tout se passe à distance.
"C'est une sensation, difficile à quantifier".
"Je pense qu'il est important que nous soyons acteurs de notre sport et que nous ayons la possibilité de le faire évoluer vers plus de sécurité et de sensibilisation", explique Rabah Slimani, joueur clermontois et ancien joueur du XV de France. "Franchement, aujourd'hui, je ne peux pas dire avec quelle intensité et combien de fois nous sommes exposés aux chocs. Nous avons forcément un ressenti. Nous savons tous que les chocs sont plus intenses pendant les matchs, mais c'est un ressenti qui est difficilement quantifiable...".
L'intérêt de cette étude innovante sera de mettre en perspective les chiffres sur les sensations ressenties par les joueurs.
Ne pas se limiter à la protection contre les commotions cérébrales
Rémi Gaulmin ajoute : "On a tendance à vouloir simplifier cette étude à la protection contre les commotions cérébrales, mais une commotion n'est pas toujours corrélée à l'intensité de l'impact. En revanche, il sera intéressant d'intégrer cette notion d'intensité et de répétition des chocs avec d'autres données dont nous disposons, comme le suivi GPS ou la mesure de la fréquence cardiaque, afin d'obtenir une meilleure compréhension et, par conséquent, une prise en charge globale plus pertinente des joueurs professionnels".
Cette technologie n'est toutefois pas une première sur les terrains de rugby. L'année dernière, les clubs de la ligue anglaise ont commencé à utiliser ces protège-dents.
En novembre, les sélections féminines d'Angleterre et de Nouvelle-Zélande ont suivi le mouvement. "Rendre le rugby plus sûr est extrêmement important et nous sommes heureux de pouvoir y contribuer", a déclaré à l'AFP Sarah Hunter, la capitaine de l'équipe nationale anglaise. Comme le football américain aux Etats-Unis, le rugby commence (trop ?) à se préoccuper du problème des chocs violents dans son sport.
Phenomenal interview by @WorldRugby CEO Alan Gilpin, highlighting how our technology is being used to transform player welfare across all levels of rugby. pic.twitter.com/9NcAfCdv4m
- Prevent Biometrics (@PreventBio) novembre 1, 2021