Dupont : "Quand on connaît l'océan, on le respecte davantage".

Dupont : "Quand on connaît l'océan, on le respecte davantage".

Dans le cadre du renouvellement de son engagement éco-responsable à la MAIF, Justine Dupont nous parle de l'importance vitale de prendre soin de notre planète. Après avoir reversé les dons de la première année de son programme environnemental à l'ONF, la championne de surf a choisi cette fois de sensibiliser les enfants au respect de leur terrain de jeu, l'océan, via l'association de Coralie Balmy.

Justine Dupont (30 ans) et la MAIF, c'est une histoire qui roule. Plus précisément, une histoire qui glisse. Justine, considérée par de nombreux experts comme la meilleure surfeuse du monde, est une jeune femme engagée dans l'écologie et collabore pour la deuxième année consécutive avec la MAIF dans le cadre d'un programme de contribution climatique. En 2021, la reine des grandes vagues avait choisi de faire un don équivalent à son empreinte carbone (son sport l'oblige à voyager en avion et à utiliser un jet-ski à moteur thermique) au service forestier. Cette fois, elle soutiendra l'association de Coralie Balmy "Coco an dlo" dans son action visant à sensibiliser les plus jeunes au respect de l'océan et du milieu marin. Elle n'aurait pas pu avoir une meilleure idée.

Justine Dupont, qu'est-ce qui vous a poussée à prolonger votre engagement écologique avec la MAIF ?
Tout d'abord, j'ai toujours été satisfaite de leur collaboration et de leur engagement. Cela donne du sens à tout ce que je fais. J'essaie de voyager le moins possible, en restant longtemps au même endroit plutôt que de faire des allers-retours. Néanmoins, je prends quelques avions dans l'année et j'utilise le jet ski pour ma pratique. Comme la MAIF est très engagée dans la responsabilité écologique, nous avons construit ce projet ensemble. Le chèque que nous versons chaque année à l'organisation correspond aux émissions de CO2 que je génère. Même si j'ai tendance à polluer de moins en moins, nous avons augmenté le montant du don à 50 % pour la MAIF et 50 % pour moi. La MAIF m'aide vraiment dans cette démarche éco-responsable, il y a un bel échange. L'entreprise a même organisé une rencontre très intéressante avec un cuisinier papou !

L'année dernière, vous vous étiez engagée en faveur des forêts. Cette année, vous avez choisi l'océan en soutenant l'association de Coralie Balmy "Coco an dlo". Qu'est-ce que cela signifie pour vous ?
L'océan est tout à fait légitime pour moi. L'année dernière déjà, je voulais m'engager pour l'océan, et puis la forêt d'Anglet a brûlé, et j'ai voulu spontanément les soutenir. Coralie Balmy a une vraie crédibilité sportive et a créé cette association pour sensibiliser les jeunes de manière concrète à la connaissance et au respect de l'océan.

Les jeunes vont également apprendre à nager. Est-ce utile pour maîtriser l'environnement ?
Oui, c'est vrai. Apprendre à nager est la base pour quiconque souhaite évoluer dans l'océan, pour apprendre à le connaître et à le respecter. Car si l'on connaît l'océan, on le respecte davantage. C'est comme pour notre corps.

Comment vivez-vous le dilemme permanent entre votre désir de respecter l'environnement et la pratique de votre sport, qui vous oblige à beaucoup voyager et à utiliser un jet-ski, ce qui entraîne une inévitable empreinte carbone ?
C'est le surf qui est en cause. Notre sport est controversé car, d'une part, nous sommes de véritables amoureux de l'océan et, d'autre part, notre matériel n'est pas encore à la pointe de l'écologie. Au-delà de notre sport, je pense qu'il est important de s'engager et de vouloir faire des efforts quotidiens à notre niveau. L'éco-responsabilité, c'est avant tout s'engager personnellement au quotidien.
Au quotidien.

"Je ne pense pas qu'on demande à tout le monde de retourner à son potager".

Comment se traduit cet engagement personnel chez vous ?
Depuis deux ans, je mange végétarien, je trie mes déchets, j'achète local et je n'utilise plus de bouteilles en plastique, seulement des gourdes. J'ai installé des panneaux solaires sur ma maison. Nous nous déplaçons dans l'océan. Il est magnifique à regarder, mais quand on voit les déchets sur la plage, on est forcément interpellé. Le ramassage des déchets que l'on y voit est aussi pour moi un processus naturel.

Si l'on voulait en faire plus, cela signifierait-il que l'on renonce à tout ?
C'est exactement ça. Nous devons tous nous déplacer à un moment ou à un autre. L'année dernière, j'ai dû prendre l'avion quatre fois. Je ne le prends pas pour des raisons personnelles ou pour aller faire la fête quelque part, mais comme faisant partie de notre métier. La prochaine étape est de tout abandonner. On ne peut pas demander à tous les habitants de la planète d'abandonner leur métier et de retourner à leur potager (sic). Je pense que nous pouvons tous trouver un équilibre, et le plus important est de rechercher cet équilibre. Tout ce qui bouge a un impact. C'est à nous de bouger pour les bonnes raisons et d'être conscients de ces effets.

Vous vous remettez lentement d'une fracture de la malléole et poursuivez votre rééducation. Voyez-vous le bout du tunnel ?
Oui, oui. Je viens de terminer une demi-journée de rééducation. Je me suis concentré uniquement sur la marche pour ne pas boiter, donc ça va déjà beaucoup mieux. Je dois encore attendre quelques jours avant de pouvoir retourner dans l'eau. Je prévois de partir à Tahiti en juin. J'espère que tout ira bien, mais il n'y a aucune raison de le faire. J'ai passé la moitié de cette période difficile, j'en suis au moins aux trois quarts !

C'est une très bonne nouvelle si l'on considère que vous avez un énorme rendez-vous à venir avec le début de la saison dans l'hémisphère sud...
Oui, ils ont eu une première journée magnifique hier. C'est frustrant de ne pas être à cent pour cent en forme et de ne pas pouvoir y arriver. Mais je serai bientôt prêt. Quand on sort d'une blessure, c'est différent. Souvent, on est plus fort physiquement, et pour l'instant, je pense que ce sera le cas pour moi. J'ai aussi bien travaillé mentalement, donc je pense que je serai aussi plus fort de ce côté-là. Je suis satisfait. Après, le plus important c'est de s'écouter, donc je vais continuer à faire très attention à moi et à mon corps, sans penser à ma cheville. Ce sera une saison normale, je n'aurai pas d'appréhension particulière.

" Les matchs ? Nous verrons si les critères me permettent de me nommer".

Qu'attendez-vous de cette nouvelle saison ?
Comme toujours, que je vive de bons moments. Chaque saison est différente parce que nous dépendons de l'océan. Et l'océan nous envoie constamment des vagues différentes, donc nous devons attendre de voir ce qu'il a décidé pour cette saison. Nous avons eu une saison exceptionnelle avec beaucoup de sessions, surtout parce que l'océan a été exceptionnel l'hiver dernier. Quand on surfe de grosses vagues, on est dépendant de la météo, donc il faut être prêt à tout, car on ne peut pas prévoir les vagues six mois à l'avance. Cet hiver aussi, mais c'était différent. À Nazaré (Portugal), il était fréquent et constant. Les saisons dépendent vraiment de l'océan. Après, elles dépendent aussi de toi et de tes envies. Donc en général, ça va (rires). Je suis motivé et satisfait de tout ce que je fais.

Avez-vous des souvenirs particuliers de cette incroyable saison, qui a aussi été la meilleure pour vous ?
Ce qui s'est passé n'était pas du tout prévu. Au début, nous pensions que nous resterions à Nazaré et que nous ne bougerions pas du tout. À partir du moment où nous avons reçu le VISA pour partir aux États-Unis, je me suis dit : "Super, l'Atlantique se réveille". L'Atlantique était plus compliqué avec le Covid, car nous avions des restrictions pour aller dans l'eau. Mais c'était l'occasion rêvée et nous en avons profité. En revanche, cette année, nous nous attendions à quelques voyages, notamment à retourner à Hawaï, et finalement l'océan Atlantique était fou, sans envoyer de très grosses sessions, et le Pacifique n'était pas génial non plus. Ce que je retiens de l'année dernière, c'est la vague à Joss. Chaque session avait son sens et m'a donné ce dont j'avais besoin pour me permettre de prendre cette vague.

Vous allez vous rendre à Tahiti pour la deuxième fois...
C'est un endroit merveilleux ! On peut s'y installer, la nature est magnifique, ça nous prend aux tripes. C'est un peu comme quand je suis devant une grande montagne : tu te sens tout petit devant la puissance de la nature ! Quand je surfe, je ressens la même chose qu'à Nazaré. À Teahupoo, la vague est parfaite et en même temps très technique, j'ai adoré. J'espère que je vais bien performer cette année et que j'aurai une belle vague.

Tahiti sera aussi le spot de surf pour les Jeux de Paris 2024. Avez-vous déjà décidé si vous y participerez ?
Cela dépendra des critères, s'il y a beaucoup de compétitions, où et comment. Pour l'instant, les critères ne sont pas encore sortis. En tout cas, je rêve de prendre cette très belle vague à Teahupoo. C'est ce dont je rêve en tant que surfeuse. En tant que professionnelle, nous verrons si les critères me permettent de me qualifier pour les Jeux olympiques, sans pour autant mettre de côté mon côté surfeuse de grosses vagues. Dans les deux prochaines années, les Jeux Olympiques ne seront pas ma priorité, mais s'il est possible de faire les deux, ce sera royal. C'est encore loin, mais il y a encore du temps. Dans un premier temps, je veux prendre la super vague.