Pinturault : "J'ai besoin de temps

Pinturault : "J'ai besoin de temps

Déjà tourné vers la saison prochaine après cet hiver décevant au cours duquel il a défendu son premier gros globe de cristal, Alexis Pinturault a admis jeudi, après le dernier super-G de la saison, qu'il allait d'abord s'accorder le temps qu'il avait eu le tort de ne pas prendre l'an dernier après son sacre. Une énorme erreur aux yeux du skieur de Courchevel.

Alexis Pinturault, qui avait découvert le ski dans sa jeunesse sur les pentes de l'Eclipse, où se déroulent les finales de la Coupe du monde, rêvait il y a un an de ramener un deuxième gros globe de cristal consécutif à la maison, à Courchevel. Après avoir complètement raté sa saison, "Pintu" a très vite compris que l'histoire serait beaucoup moins belle. Il en retire néanmoins de nombreuses leçons pour ne pas commettre la même erreur à l'avenir et avoir une chance de remporter le gros globe, qui est revenu au jeune prodige suisse Marco Odermatt. Le triple médaillé olympique admet que cette fois-ci, il prendrait le temps de récupérer. Ce qu'il n'avait pas fait l'hiver dernier. Il tentera donc de rattraper très rapidement le temps perdu, avec un seul objectif : redevenir aussi fort physiquement et mentalement que l'année dernière, lorsqu'il avait égalé Luc Alphand au palmarès, 24 ans plus tard.

"Je ne sais pas si j'ai besoin d'un mois ou de deux".

"Ce dont j'ai besoin, c'est surtout de calme. Changer les choses, oui, il y a peut-être des choses que nous allons légèrement changer, mais je ne vais pas passer du blanc au noir. Ce dont j'ai besoin en tout cas, c'est de calme. Aujourd'hui, je ne sais même pas de combien de temps j'aurai besoin, s'il me faudra un ou deux mois, en tout cas j'ai besoin de ce temps que je n'ai pas suffisamment pris l'année dernière. Je ne reprendrai l'entraînement que lorsque j'aurai le sentiment que mon corps et mon esprit sont à nouveau déterminés, motivés et pleins d'énergie. Cela prendra le temps qu'il faudra, mais j'en ai besoin", a déclaré Pinturault sur Eurosport après avoir pris la huitième place du dernier super-G de l'hiver. "La machine" a rassuré tout le monde en assurant qu'il n'avait pas perdu cette motivation, qui fait partie de l'arsenal qui fait de lui un skieur si talentueux.

"J'étais extrêmement fatigué".

"Mais c'est difficile d'être motivé quand on n'a pas toutes les armes en main et la détermination nécessaire pour faire preuve de cette réaction musculaire qui nous permet d'atteindre des sommets. L'un ne va pas sans l'autre, et je me suis rendu compte cette année qu'au plus haut niveau, c'est le mental qui fait la différence", analyse le natif de Moûtiers (Savoie), conscient que son absence dans ce qui aurait dû être pour lui l'année de la confirmation n'est pas uniquement due à un mauvais choix de matériel. "J'ai eu des problèmes, notamment pour retrouver de la fraîcheur (...) Le problème pour moi cette année a été le manque de coupe et les difficultés à passer l'hiver. Juste avant Sölden, j'ai remarqué que ma réaction musculaire n'était plus la même nerveusement. C'est-à-dire que j'avais l'impression que mon tonus musculaire n'était plus aussi bon psychologiquement et que nerveusement j'étais extrêmement fatigué. Sauf que la saison allait commencer...".

"Tout le monde a sous-estimé la situation, moi le plus".

Dès lors, "Pintu" savait avant même le coup d'envoi qu'il se dirigeait vers d'inévitables déceptions. "Il était clair que l'hiver allait être difficile. J'ai essayé de m'accrocher malgré tout, j'ai toujours fait de mon mieux et j'ai pu décrocher quelques podiums. Mais je n'ai vraiment travaillé qu'avec les moyens du bord et c'est vraiment ce qui a été difficile". Avec le recul, le champion du monde de combiné des Championnats du monde 2019 à Äre est également certain que le fait de n'avoir jamais conquis le grand globe de cristal n'a pas facilité la tâche de celui qui, paradoxalement, a dû en faire les frais par la suite. Et il n'est pas le seul, à ce qu'il paraît. "Cela vient aussi du fait que je n'ai aucune expérience de ce genre de situation. Aussi bien pour moi, parce que je ne l'avais jamais fait, que pour les cadres autour de moi, qui n'ont pas non plus connu cette expérience. Tout le monde a certainement sous-estimé cette situation, et moi le plus, pour récupérer". Pinturault, qui aura 31 ans le 20 mars prochain, assure qu'on ne le fera plus revenir.