Ménès n'était pas le seul à...

Ménès n'était pas le seul à...

Comme Pierre Ménès, licencié par Canal+ après le documentaire Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste, d'autres journalistes ont été licenciés pour leur comportement.

De l'aveu même de Marie Portolano, elle ne s'attendait pas à une telle explosion. La diffusion de son documentaire Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste le 19 mars 2021 a fait l'effet d'une bombe, dont la première victime a bien sûr été Pierre Ménès. "Je pensais que le documentaire allait faire parler dans les rédactions, et en fait il a parlé à beaucoup plus de monde, parce que ces problèmes existent partout. Quand j'ai vu qu'on parlait surtout de Pierre, je me suis dit que le système me volait", a récemment déclaré Marie Portolano au journal L'Equipe, ajoutant : "Je connais la différence entre une blague et une agression. Je ne voulais pas détruire un homme, je n'ai pas dormi pendant des semaines".

Pierre Ménès, qui a voulu se retirer après la diffusion du documentaire et a finalement été licencié par Canal+ au début de l'été, n'a pas été le seul à payer le prix fort pour le travail de Marie Portolano. Plusieurs enquêtes ont été lancées dans différentes rédactions. Ce fut notamment le cas à Radio France. Conséquence du témoignage d'Amaia Cazenave. La collaboratrice de France Bleu Pays Basque de l'époque avait expliqué qu'un collègue avait crié plusieurs fois "J'ai envie de baiser" dans le bureau paysager alors qu'il était seul avec elle.

Onze procédures disciplinaires et deux licenciements.

"Ça a commencé à se dégrader quand j'ai vu qu'il y avait des collègues qui se permettaient des remarques sexistes sur mon apparence, beaucoup sur la façon dont je m'habillais ou me maquillais", a-t-elle déclaré dans son témoignage, ajoutant : "En hiver, par exemple, je mets un pantalon en cuir et un collègue me dit : "Tu vas t'envoyer en l'air ce soir". Ensuite, il y a aussi des épisodes qui sont perçus comme des humiliations. On m'enferme dans un bureau pour me dire que je ne dois pas parler trop fort. Ces manœuvres ont commencé à devenir tellement monstrueuses à mes yeux que j'ai pris une feuille de papier et j'ai commencé à écrire ce qui m'arrivait, avec des dates, des faits détaillés, avec ces phrases".

Sibyle Veil, PDG de Radio France, n'avait pas tardé à réagir. "J'ai fait de la lutte contre les comportements sexistes et discriminatoires une priorité et je continuerai à le faire", assurait-elle. Après une enquête menée à l'échelle du groupe, Radio France a engagé pas moins de onze procédures disciplinaires, qui ont abouti à quatre blâmes, trois licenciements avec perte de salaire et deux démissions.

L'enquête, au cours de laquelle 80 salariés avaient été entendus, avait révélé "une ambiance de travail très dure, justifiant stress, violence et sexisme". La faute à des blagues, des gestes et des attitudes dénigrantes qui avaient entraîné des "situations et des comportements graves" dans plusieurs services. Au sein de France Bleu Pays Basque, mais aussi au sein de la rédaction nationale des sports à Paris. Car Amaia Cazenave n'a pas été la seule à faire les frais de ce sexisme flagrant. Les salariées les plus précaires ont également été particulièrement ciblées.